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Coolitude

Coolitude

 

‘Coolitude’

Depuis la conscientisation et la revalorisation de l’identité de l’homme noir par les Africains de la diaspora, débutant en Amérique et ensuite, dans les sociétés coloniales francophones, nous avons été témoins de plusieurs mouvements identitaires, littéraires et parfois à connotations ethniques. La Négritude, la Créolité, l’Antillanité et l’Indienoceanisme réclamaient tous une place dans un monde pluriel. Toutefois la revendication d’une identité noire n’a pas tellement pris en compte jusqu’à présent la complexité de l’univers colonial après l’abolition de l’esclavage. Les Indiens qui avaient quitté l’Inde pour les colonies dans la deuxième moitié du XIXème siècle, ont été mis à l’écart par les autres groupes ethniques. Ces Indiens de la diaspora ont veçu dans l’absence et dans le silence, leur rôle et leur place n’ont pas été bien définies dans leurs sociétés d’adoption en dépit d’une histoire commune en maints égards avec les autres groupes du régime plantocratique. Parmi plusieurs études récentes qui ont tenté une reévaluation du coolie dans les sociétés colonials, la Coolitude, concept fondé par Khal Torabully, nous apporte l’esthétique et l’imaginaire de l’indianité mise en relation avec l’altérité, dans sa phase migratoire comme dans sa contribution dans la fondation de nouvelles nations.

Le livre ‘Coolitude’ écrit par l’historienne Marina Carter et le poète Khal Torabully introduit l’oeuvre poétique de Khal à un lectorat Anglophone. Il comporte des poèmes de Torabully traduits en anglais, ainsi que des ouvrages d’autres auteurs francophones et anglophones, tout en nous offrant un exposé de l’experience historique du travailleur indien confronté à l’ailleurs. Le concept de Coolitude, qui est en fait un continuum entre les imaginaires, représente ici le commencement d’une histoire moderne des Indiens de la Diaspora.

Le terme Coolitude nous rapelle le concept de Négritude. La Négritude, mouvement noir qui réclame une identité, une conscience et une culture distinctes des peuples noirs, n’a pas pris en compte les frères Indiens dans le sillage de l’esclavage et l’emancipation. La blessure de l’exil, la douleur du déracinement des d’descendants d’africains y sont pour beaucoup. De même pour les autres mouvements ethniques, politiques et identitaires, telle que la Créolité, quoiqu’ils ne soient pas nativiste ou essentialiste, placent souvent l’indien dans des situations marginales et négatives. Les Creolistes et les Antillanistes ont su revendiquer une culture et une langue distinctes, parfois au détriment du descendant de l’engagé. Cependant une identité Créole dans les sociétés créolophones ne s’applique pas à tous les groupes ethniques. Par exemple, à l’Ile Maurice, les descendants d’indiens, pour la plupart, quoiqu’ils parlent le lingua franca Créole ils se sentent très souvent exclus, mis à l’ecart, marginalisés.

À travers l’experience difficile de ces derniers, en cale de bateaux et en pays d’adoption, les auteurs décrivent l’exil comme un état traumatique et aussi un aspect élémentaire qui apporte une redéfinition de la dénomination “coolie”. Le voyage en mer représente, pour le poète Khal Torabully, le symbole du changement dans la perception et la civilisation de l’indien. Il a pour but, dans ces oeuvres littéraires, de donner parole au silence de l’exil, à la souffrance, la peur et l’humiliation de l’engagé ou du migrant d’origine indienne, et par extension de tout migrant. Ce stage initial de l’exil du coolie est vu comme une phase déterminante de son identité. Pour nous montrer comment l’identité de l’indien change, du au fait qu’il est en interaction avec d’autres groupes ethniques présents pendant le voyage et aussi qu’il vit une histoire socio-culturelle et économique différente en terre d’adoption, le poète Khal Torabully décontruit ainsi les sens stéréotypés du mot coolie de façon à faire table rase – afin que le sens du mot soit vide de récupérations sectaires, pour qu’il devienne multiple en essence. De ce fait, «l’Indien» de la «Diaspora» est libre de se construire une identité nouvelle, tout en se reconnectant avec ses signes d’origine.

“La Négritude sut assumer le mot ‘nègre’, insulte jetée par l’Occident à la face des fils de mère-Afrique. La Coolitude cherche à son tour a assumer le mot ‘coolie’.” Les indiens de la Diaspora et les autres groupes ethniques établie dans les colonies ont partagé une histoire et une experience d’exil ensemble, en dépit de configurations distinctes. Cette experience est un aspect crucial et fondamental de cette nouvelle conscience sous-tendant le mouvement de la Coolitude. Ce que nous dit ici le poète est que la dénomination coolie, et de façon plus large, le terme engagé, s’applique non seulement aux indiens mais aussi aux groupes ethniques partageant l’exil sucrier, ferroviaire ou minier. Car l’auteur postule, métaphoriquement, que tous les voyageurs en quête de fortune dans un pays étranger sont des coolies, des porefaix, des sans-parole de leur traversée. L’auteur à mis l’emphase sur le fait que “La Coolitude n’a rien d’un cri ethnique. Elle prolonge la créolité en Inde insulaire. Elle est acclimatation de la culture de l’Inde en terre plurielle.”

Il est salutaire que les poèmes de Khal Torabully soient enfin accessibles au lecteur Anglophone, afin qu’ils aient un aperçu de cette vision poétique qui est à la fois une révélation du parcours de «l’Indien» de la diaspora vers un imaginaire mosaique et une cohabitation plurielle avec l’autre.

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© C Cuniah

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